Dans le monde des assurances, les innovations sont légion, à commencer par celles des insurtechs. Si l’on sait que la multiplication des insurtechs belges est plus qu’un phénomène de mode, reste à savoir comment leurs innovations pourront largement s’intégrer dans le secteur, pour qu’elles s’inscrivent dans la durée. Nous avons posé la question à Fabian Suarez, investisseur heureux et président du conseil d’administration de l’insurtech DeeCide.

Le marché belge des insurtechs, plus qu’une mode ?

Le marché belge des assurances est relativement complexe, analyse Fabian Suarez : « Car même s’il est petit, pour convaincre, l’insurtech, est face à de multiples acteurs, de langues et de régions différentes, chacun avec sa propre culture. Le secteur est en outre relativement fermé et conservateur par rapport à d’autres secteurs où j’évolue. »

De manière générale, on peut dire qu’il faut du temps pour qu’une innovation soit adoptée. « Si une insurtech parvient à digitaliser les processus utilisés par les acteurs du secteur belge de l’assurance (courtiers, compagnies d’assurances), si elle parvient à convaincre ces mêmes acteurs de l’efficacité de sa solution, il est fort probable que cette solution fonctionne également au-delà de nos frontières, où les marchés sont souvent plus simples à approcher. C’est un peu comme dans la chanson « New York » de Frank Sinatra: If I can make it there, I’ll make it anywhere… »

Nous avons évoqué la bonne approche de cette internationalisation avec le fonds technologique Morrow Ventures. Avec Fabian Suarez, nous cherchons comment abaisser le seuil d’accès au monde des assurances.

En voiture, le train est en marche !

En dépit d’un marché plus complexe en Belgique, le train des innovations pour les courtiers en assurances est parti, selon Fabian Suarez. « La question n’est pas de savoir si les insurtechs apporteront de nouvelles solutions, car elles l’ont déjà fait et continueront à le faire, mais bien quand elles prendront le dessus sur les acteurs historiques du secteur. »

« Avec DeeCide, il y a deux/trois ans, nous avons lancé un nouvel outil de multitarification. Au début, le secteur a un peu freiné cette innovation. Nous avons persévéré, et aujourd’hui, le secteur a accepté l’outil. Mieux encore, tout le monde le voit comme un outil de référence et nombreux sont ceux qui utilisent et développent cette solution. Entretemps, le train poursuit sa route et nous, nos développements afin de rester à la pointe de l’innovation et de proposer au secteur des solutions de plus en plus optimales et efficaces.»

Quelle voie emprunte aujourd’hui ce train ?

Les investisseurs peuvent-ils contribuer à abaisser le seuil d’accès au monde des assureurs belges et aider les insurtechs à le franchir ? « Un investisseur finance d’abord une idée, un plan stratégique et son rôle n’est pas de casser à tout prix les codes. D’autres voies sont possibles et DeeCide par exemple a décidé de collaborer étroitement avec le secteur, tant les courtiers que les assureurs. »

A titre d’exemple, nous avons décidé il y a quelques années d’ouvrir l’actionnariat de DeeCide aux courtiers. « Prendre des courtiers à bord – au sens propre du terme – est selon moi une manière intéressante de les intégrer dans le développement des outils d’une insurtech. Qui est mieux placé que le courtier en assurances pour nous expliquer ses besoins ? »

Le courtier connaît le marché et le métier, l’investisseur a l’expérience nécessaire pour développer une aventure entrepreneuriale au départ d’une feuille blanche. Combiner ces deux univers et ces savoir-faire permet de créer une équipe complémentaire, qui aura de grandes chances d’aboutir.

La collaboration comme carte maîtresse

Les courtiers, les assureurs et les insurtechs doivent donc collaborer, ce qui implique d’abandonner l’attitude conservatrice de certains acteurs du secteur, conclut Fabian Suarez. « Certains ont peur de perdre le contrôle s’ils laissent entrer des acteurs externes au secteur. La technologie est là, qu’on le veuille ou non. Utilisons toutes les nouvelles technologies pour dépoussiérer le secteur de l’assurance et le rendre plus compétitif, plus centré sur le clients. En tant que courtier ou assureur, il vaut mieux collaborer avec ces entreprises technologiques afin de développer rapidement des solutions qui répondent parfaitement aux besoins du secteur. »

Intervenants

Fabian Suarez

Fabian Suarez

DeeCide, Nyxoah

Fabian Suarez préside le conseil d’administration de l’insurtech DeeCide. Il est aussi CFO chez Nyxoah.

Steve Goossens

Steve Goossens

Vivium

Steve Goossens est Chief Digital & Data Office chez Vivium.